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28 novembre 2007 3 28 /11 /novembre /2007 16:24
« Le métier de TF1, c’est d’aider Coca cola, par exemple à vendre son produit. Or, pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible, c'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca cola, c’est du temps de cerveau humain disponible ».
 
Président de TF1
 
Cela nous pousse à la réflexion sur cet outil qui fait aujourd’hui partie des meubles chez la plupart des familles de notre société, et sur la perversion dont il est l’objet, à l’insu des trop nombreux téléspectateurs non avertis… le comble pour un bijou de technologie et de performance des plus utilisés, des plus prisés, des plus achetés, des plus modernisés (écrans plats, plasma, LCD…), bref, devenu le symbole populaire de la communication et de l’information trônant de manière de plus en plus magistrale au beau milieu du salon (voir de la cuisine, voir de la chambre… voir de la salle de bain !!!) des foyers français! La place que prend la TV en révolutionnant les rapports relationnels entre les gens, en innovant leur quotidien, n’aurait pour ultime fonction, que celle de « décerveler » les téléspectateurs (combien de millions chaque jour ?), afin de vendre, à des entreprises avides de chiffres d’affaire, cette marchandise qu’est « la disponibilité des esprits ». Mais comment est-ce possible ?
 
En lui assignant le rôle d’outil de manipulation « subliminale » que lui ont transmis quelques individus bien encrés dans la pensée dominante, qui détiennent LE pouvoir de diffuser leurs émissions qui endorment les masses (avec des discours vaporeux) tout en les appâtant (avec des images toutes plus  appétissantes les unes que les autres). En jouant sur la seule faiblesse de l’individu dans son quotidien : avoir envie de se détendre et de décompresser après une journée des plus oppressantes et surchargée par le travail, il va lui falloir se « vider la tête » et pour cela, la TV va l’y aider !!! Et c’est sans contrôler la télécommande qui sert pourtant à sélectionner la chaîne que le téléspectateur va se perdre dans la profusion de programmes qui lui sont déversés, et qui, loin d’être « acteur » de toutes ces images, va subir passivement, comme hypnotisé par l’écran, endormi… et vidé ! Voir même drogué, car avoir l’esprit vide peut devenir euphorisant avec l’illusion d’une certaine liberté… passagère… on en redemande… et les effets nocifs s’accentuent !!! Surtout que si l’homme, depuis la préhistoire a été habitué à traiter des flots de sons et de paroles, aucun entraînement ne l’a préparé à réagir face au déluge d’images qu’il reçoit par la TV. Même les yeux et le système nerveux n’avaient été autant agressés par tant de formes et de couleurs s’animant sans cesse de telle sorte que le discours devient insignifiant… hypnotisant plutôt que révélant une attention ! Et le téléspectateur gobe tel une mouche !!! Ainsi, le poste peut avoir sur lui le même effet que la drogue, mettant en place un écran entre la réalité et notre perception de cette réalité, créant une accoutumance, un besoin, ou permettant de se fabriquer un univers compensateur, puisqu’il se passe toujours quelque chose dans le poste de TV, beaucoup plus que dans notre vie !!! A la différence de la lecture ou de la radio où un seul sens est mis en éveil, de telle sorte que le lecteur ou l’auditeur puisse s’immerger complètement dans ce qu’il lit ou qu’il écoute, ici, la contribution de deux sens simultanés que sont la vue et l’ouie ne suscite qu’une perte d’intérêt et d’attention de l’un sur l’autre et comme le visuel est plus attractif, instantané, percutant, et facilement « imprimé dans l’esprit » et nécessite le moins d’effort de mémorisation que l’auditif, souvent le CHOC des images (qui embellissent, ou qui accablent….) l’emporte sur le sens du discours. Quel charme envoûtant de s’autoriser une écoute flottante ! Si la TV est avant tout un moyen de communication, la critique de la part du téléspectateur est pourtant impossible face à cet écran devant lequel c’est un monologue qui s’instaure et ou dans ce cas là, toute discussion est coupée. Donc, non seulement devant elle, on se vide l’esprit, mais utilisée à outrance, on peut aller jusqu’à s’isoler du reste du monde, en se fixant à domicile et en allant jusqu’à inviter le monde entier dans son salon !... Puisque l’univers vient à nous, à quoi bon aller vers lui ? Besoin de personne : on la laisse allumée en faisant autre chose, bon compagnon des jours ordinaires ou dame de compagnie pour personnes solitaires…
 
Loin de remplir sa fonction première qui par essence consiste à permettre à chaque individu d’assouvir son « besoin vital » d’échange et de communication en rendant l’information accessible à tous, pour vivre en collectivité, elle n’a pas l’effet bénéfique attendu. Celui de provoquer une meilleure conscience de l’unité de notre espèce, quand le même regard est proposé simultanément à tous les humains, cela devrait créer le sentiment d’une participation généralisée à un devenir collectif. Elle devrait nous amener à considérer que les catastrophes du monde nous concernent tous ainsi que les événements les plus joyeux. Mais, en se laissant « happer » par la TV, c’est la forme qui dévore ses contenus. On croyait qu’elle ouvrirait à l’immensité, elle débouche sur le vide. Commencée par le tintamarre et les cris, la télévision finit en tisane pour les yeux, calmante !
 
… Et si on osait le silence…

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