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9 décembre 2007 7 09 /12 /décembre /2007 19:06
Un des principaux fondements du Bouddhisme repose sur le constat suivant : « dans la vie, tout est souffrance », depuis notre immersion dans ce monde par le premier cri jusqu’à notre mort physique dans un dernier souffle, en passant par les paragraphes de notre existence, inévitablement ponctués par les maladies, la vieillesse, la perte d’êtres chers, la séparation avec ce que l’on aime… tout est douleur. Ce principe est inscrit depuis la nuit des temps dans l’inconscient collectif des populations, ce qui les pousse spontanément à trouver des « substituts » dans le quotidien en exultant cette évidence. En s’emprisonnant dans l’ignorance, on se crée aveuglément des désirs pour pallier à cette inexorable vérité… des désirs matériels, des désirs d’intégration dans une vie sociétale partagée par le plus grand nombre, en pensant que c’est à l’extérieur de nous qu’il faut chercher la motivation nécessaire pour éviter de souffrir. On développe finalement un processus de dépendance d’autrui qui ne résout en aucune façon le problème, mais qui se contente de le masquer. C’est ainsi que s’est imposé un modèle de société qui s’octroie pour mission de distribuer de la sécurité émotive à « tout va » à une population qui se refuse d’intégrer la souffrance comme un des moteurs de son mode de fonctionnement… De là naît le besoin comme unique source de motivation qui, tant qu’on n’est pas satisfait, suscite le manque… et l’expérience prouve qu’au sein de cette société, on ne demeure jamais vraiment satisfait !... Et la machine s’emballe. Ainsi est décrit l’étage le plus bas de la cosmologie bouddhiste, celui d’un monde des désirs, sur une Terre minuscule abritant un enfer.
 
… Mais dans l’inconscient des masses éprises du système, profondément reliées toujours à l’idée de souffrance… tout désir a un prix, et si de désir est alimenté par des biens extérieurs à nous-mêmes, ce prix prend une valeur collective qu’il faut mériter pour l’obtenir. On ne peut s’approprier l’objet de nos désirs qu’au prix de certains efforts. Et aujourd’hui, puisque cet objet du désir est quantifiable, appropriable et s’évalue en terme monétaire avant tout, ce n’est que par la notion de travail rapportant la valeur « argent » qu’il sera possible d’assouvir ses besoins « d’appropriation de l’objet de nos désirs », toujours dans le but de combler un manque, né de notre peur inconsciente à tous de souffrir. C’est dans ce schéma que s’inscrivent les bases de la culture sociale dominante actuelle, dans laquelle nous baignons tous depuis notre naissance parce qu’elle correspond à un idéal partagé au fond par tous, mais dont les moyens qui se sont imposés pour y parvenir sont ceux qui ont réussi le plus facilement à mettre d’accord les groupes, donc à rassurer une majorité : En se confortant dans l’idée que « si c’est de cette manière que l’autre va combler ses manques, c’est donc aussi comme ça que je ne vais plus souffrir moi non plus ! ». C’est encore une fois en cherchant la solution chez l’autre qu’est née la standardisation des personnalités, la fabrication du conformisme, en tant que perversion d’une soumission à une autorité « sans visage » au sein d’une société démocratique, pour dresser les foules toujours dans le même sens ! Finalement, tout est mis en œuvre actuellement pour que les hommes fonctionnement selon le schéma qui les rend dépendants d’un système dans lequel pour être satisfait (« comblés »), il faut lui permettre de s’offrir (de lui donner le pouvoir d’acheter) l’objet (plutôt les objets) du désir en manipulant son subconscient et en jouant sur ses faiblesses profondes : ses sentiments et ses émotions. Et afin de cerner le plus grand nombre de personnalités, un choix immense est proposé, plongeant dans l’illusion d’un monde de contes de fées, avec toujours plus de couleurs, d’odeurs capables de réveiller le subconscient de l’enfant qui sommeille en nous, et l’autorisant enfin à accéder à ses désirs immédiatement, sans subir le refus catégorique d’un parent bien (ou mal) veillant.
 
Donc évidemment, ce schéma s’inscrit jusque dans l’éducation des plus petits. Au-delà de réveiller l’âme d’enfant de chaque adule, il est beaucoup plus direct et efficace d’agir chez nos adorables bambins en ne leur laissant même pas le choix de réfléchir à d’autres moyens de se délivrer de la souffrance en tant que finalité. Il s’agit pour eux d’emmagasiner dans leur mémoire émotionnelle que pour ne pas souffrir, il est facile d’accéder à une atmosphère joyeuse en trouvant dans les « temples de la consommation » mis à leur disposition, les objets de leur désir… de consommation, seule alternative proposée pour être « comblé ». On se construit tous sur le modèle façonné inconsciemment par l’éducation que l’on a reçue. Et lorsque les parents sont des participants aveuglés par ce système dominant, l’enfant va forcément être conditionné par leurs agissements, leur mode de pensée, leurs choix qui seront pour lui, d’abord les seuls schémas qui existent, puis ensuite, en découvrant la différence et les autres, qui seront s’il ne prend pas le recul nécessaire, les seuls acceptables, pour se rassurer !
 
… L’école se chargera de rassurer l’enfant en alimentant toujours la culture traditionnelle, en enseignant les règles socio- culturelles dominantes, en félicitant les « bons » élèves, les dociles, qui font ce qu’on leur dit de faire, parce que selon leurs parents, c’est comme ça qu’ils seront récompensés, en fournissant un maximum d’efforts, ils auront mérité la récompense… être libres d’accéder à l’objet de leurs désirs déjà bien façonné. Mais pour y arriver, il faut travailler dur à l’école leur a-t-on dit. Alors laborieusement, ils additionnent des nombres, apprennent les règles du conditionnel, du futur simple, retracent la vie de leurs ancêtres (mon dieu que c’est mieux maintenant, vive le progrès !)… et seront rongés par l’angoisse de commettre des erreurs, de rendre un résultat faux et donc de ne pas avoir mérité ! Du coup, il faut redoubler d’efforts et entamer une quête du « zéro faute », autrement dit une quête de la perfection pour espérer obtenir un jour, l’objet de leurs désirs dans ce qui leur est proposé. Et comme il est toujours proposé plus et mieux, l’ambition, l’angoisse et les motivations sont de plus en plus inaccessibles, les efforts et le travail deviennent insurmontables pour beaucoup !
 
Voilà comment on fabrique des individus qui ne se construisent que dans l’effort par peur de manquer et donc de souffrir, des individus qui ne s’accordent le droit de profiter des plaisirs de la vie qu’au prix de nombreux sacrifices et efforts fournis… travailler plus pour accéder à ce semblant de liberté du « gagner plus » pour assouvir les besoins extérieurs entretenus par le système dont nous sommes tous acteurs ! Si on y pense, voilà l’hypnose (le rêve éveillé) dans laquelle nous sommes plongés, qui nous empêche de réfléchir si l’on reste menotté et soumis au socio- culturel dominant. Mais nous avons les capacités de réfléchir seuls car même si la « mission » des élites du système est de parvenir à « vider » les consciences, et les subconscients, personne ne pourra nous vider des centaines de milliards de neurones qui constituent notre cerveau. Car ceux là sont bien à l’intérieur de nous et n’ont besoin de rien d’autre que nous pour fonctionner biologiquement parlant. Bref, en prenant conscience que nous seuls, possédons tous les moyens utiles pour nous détacher de l’idée de souffrance fatalisée dans le monde actuellement. Les objets de désirs extérieurs ne sont que des substituts compensatoires, mais les seules ressources sont intérieures à chacun…

A suivre...
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