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24 juin 2009 3 24 /06 /juin /2009 14:38

"les financiers en trafiquant des titres de propriété, par le recours au crédit et par l’émission de valeurs mobilières, échafaudent des édifices de papier, voués quelque jour à l’écroulement puisqu’ils reposent sur des fictions"

VEBLEN

 

Le moral des ménages est au plus bas : le monde est en  CRISE… écologique, économique, sociale, politique, qui mine un peuple se sentant « le dos au mur » puisque tout se défait et tout est à refaire. La tâche s’annonce beaucoup trop colossale pour y voir une lueur d’ESPOIR. Pourtant encore une fois, tout est question de perception. Peut être faudrait-il considérer cette CRISE autrement et pour ce faire, pourquoi ne pas oser une analogie avec la biologie puisque dans ce contexte, la crise est bien l’étape cruciale d’une évolution biologique, certes caractérisée par une extinction massive et brutale d’espèces dominantes mais pour laisser une chance à de nouvelles de se développer au sein des niches écologiques laissées vides : on parle de radiation évolutive (c’est un mal pour un bien !). Ne peut-on pas au travers de ce « schéma » comparer l’évolution sociétale… à cette évolution biologique pour envisager de conceptualiser un nouveau modèle mondial de l’après-crise emprunt d’ESPOIR ? Peut être simplement déjà plutôt que d’employer le terme de crise trop fataliste, parler de mutation ou transformation…

 

… Entre luxe ostentatoire…

 

Déjà quelques rappels sur la théorie d’évolution biologique initiée par DARWIN et ses 3 éléments clés : L’hérédité, la variation et la sélection. Ainsi, selon Darwin, l’hérédité indique que les organismes transmettent à leur progéniture les caractères génétiques (génotype). Et la variation désigne le fait que les individus ne sont pas tous identiques au niveau de leurs caractères (phénotype). Enfin, la sélection désigne le processus par lequel l’environnement va exercer une pression sélective sur les phénotypes des organismes en favorisant la reproduction des plus ADAPTES. Veblen a été le premier à utiliser la théorie de l’évolution de Darwin pour aborder l’idée d’une évolution sociétale et mondiale sans sombrer dans du faux darwinisme (type darwinisme social), trop souvent combiné à l’idée de libéralisme. Selon lui, le processus d’évolution biologique se développe à plusieurs niveaux ontologiques, mais interdépendants… aboutissant à l’idée de darwinisme universel. D’un point de vue social, l’évolution serait un processus d’adaptation sélective des TEMPERAMENTS et des façons de penser en fonction des modifications du contexte environnemental. Et la capacité des hommes à s’adapter dépend de deux instincts qui coexistent en chaque citoyen humain : Le marchand et le prédateur. Ainsi, dans le monde de « l’avant-crise », ces instincts ont conduit l’homme à utiliser toutes les ressources environnementales à sa disposition, afin de se les approprier, et de les faire siennes et dieu sait combien les ressources étaient nombreuses (pétrole, radioactivité…). Un modèle dominant colonise peu à peu toutes les niches économiques : le modèle capitaliste dans une société de l’avoir dont les plus puissants tirent tous les profits. L’accès à cette classe se fait par sélection et adaptation en ne laissant accéder que ceux qui ont fait montre d’agressivité prédatrice et ont survécu grâce à leur aptitude financière (marchande). Quel leivmotiv pour l’individu ?... dominer socialement, et pour cela, se distinguer. Et dans une telle société, se distinguer signifie « susciter l’envie ». Et on suscite l’envie quand on POSSEDE personnellement (propriété privée). Donc la propriété devient superposable à la réussite… d’où la notion de posséder pour jouir d’une belle réputation !

 

Dans ce contexte, si le travail et surtout l’argent sont un puissant facteur d’intégration social dans le monde de « l’avant crise », c’est avant tout parce que ces valeurs ouvrent la porte de la CONSOMMATION car c’est elle qui est le principal révélateur de notre position dans une économie dominée par les échanges marchands. Ainsi, la consommation de certains biens a pour seule fonction l’émission d’un signal permettant d’afficher son appartenance à une certaine classe sociale ou à un statut bien particulier. Il faut y voir un comportement ostentatoire, d’où la notion de consommation ostentatoire dominante de « l’avant crise », avec comme point de mire l’industrie reluisante du luxe. Si la propriété fonde l’estime et l’honorabilité, ne pas posséder, c’est encourir le risque de ne pas être estimé. Donc plus on possède (donc consomme) et plus on est estimé ! Si la quantité de biens est signature de richesse, une deuxième condition s’impose en la qualité des produits consommés, forcément chers. S’il est indispensable pour un individu de consommer des produits de qualité, dans les meilleurs endroits et avec les personnes les plus distinguées, il doit de plus savoir les consommer selon des règles de bienséance et de bonne tenue. Et ce mode de consommation touche tous les domaines du quotidien (alimentation, hygiène, vêtements, sorties, loisirs…). Il faut bien admettre que ce mode de consommation a « orienté » l’évolution de la société vers un schéma dont les fondations ne sont autres que: gaspillage, compétition et dépendances matérielles.

 

En effet, la société est formée d’un certain nombre de groupes sociaux homogènes, tant dans leurs pratiques de consommation que dans leur niveau de revenu. Le groupe produit un certain nombre de règles en matière de consommation. C’est à dire que l’appartenance au groupe nécessite de consommer certains produits et pas d’autres. Veblen a observé la tendance des groupes à se rapprocher des groupes immédiatement supérieurs : « l’esprit de compétition incite les hommes à laisser plus bas que nous les gens de notre condition, un groupe se compare au groupe immédiatement supérieur, il ne se compare pas aux groupes inférieurs ni à ceux qui le surclasse de très loin ». Un individu se situe sur une échelle de richesse en se comparant avec les autres. Tant que la comparaison lui est défavorable, l’individu vit dans l’insatisfaction chronique. L’individu n’a en définitive de cesse que de se classer plus haut encore. Il montre ainsi les effets pervers de ce système, l’objectif n’étant pas d’avoir beaucoup, mais d’avoir plus (que les autres). De plus, on peut se rendre compte qu’un bien primitivement perçu comme un gaspillage peut finir par devenir une nécessité vitale. Des outils comme le téléphone perçus originellement comme inutiles (à l’origine les hautes classes la société, destinataires de cette invention, s’y sont opposées au motif qu’il n’était pas question qu’ils soient sonnés comme des domestiques) sont devenus nécessaires, puis indispensables. Cela révèle très bien les dérives du système, dans un monde qui aujourd’hui s’est laissé prendre à son propre piège, du « toujours plus », aucune ressource n’étant inépuisable, est venu le moment où à force de s’emballer, l’environnement nous rappelle à l’ordre et va nous contraindre à revoir complètement notre modèle sociétal, sous peine de disparaître. 

 

… et l’idéal ascétique…

 

Toujours en analogie avec les théories de Darwin, il est urgent d’adapter son tempérament et son mode de pensée au nouveau contexte environnemental (drame écologique, krach financier, désarroi politique…). Faut-il pour cela renoncer désormais à toute forme de richesse matérielle, à tout acte de consommation futile et plonger dans un idéal d’ascèse et de renoncement ? Bien difficile dans ce contexte de ne pas ressentir cette alternative comme une privation puisque dans l’ascèse, il y a le refus du plaisir. Or, si ces adeptes sont dans une logique de “décoordination” des achats, ils ne veulent cependant pas se priver. En effet, une personne aura beaucoup de mal à redescendre d’un haut niveau de vie à un niveau moyen, qu’une autre a à rabaisser un niveau de bas à très bas. Dans le premier cas la difficulté est d’ordre moral et dans le second d’ordre physique. En général les habitudes de consommation les plus anciennes qui ont été les premières à gouverner la vie sont maintenues avec plus de résistance que les autres… sauf si l’individu trouve un intérêt plus probant à changer ces habitudes ! Si les repères admis par tous ne peuvent plus être, telles l’idée de « posséder pour dominer », d’avoir plus et mieux pour se distinguer au sein du collectif, tout cela chapoté par la seule valeur TRAVAIL, d’autres tout aussi motivantes doivent prendre le relais : « être pour exister », apprendre à se connaître, être à l’écoute de ses besoins réels, en intégrant le PLAISIR comme valeur. Si nous ne nous connectons pas enfin à nos besoins profonds, physiologiques, affectifs ou créatifs, nous ne faisons que nous créer des besoins nouveaux… qui deviennent rapidement des impasses, parce qu’elles ne nous comblent pas.

 

… un nouvel art de vivre… la luxèse !


Entre luxe ostentatoire et l’ascèse, la voie du milieu consisterait à adopter un mode de consommation nouveau, avec comme base le « plaisir d’être ». Et si le luxe à longtemps consisté à épater la galerie, ç’en est terminé puisque tout le monde a tout ! Il peut être rattaché profondément à l’émotionnel, où l’objet choisi en conscience, selon nos valeurs propres, devient objet d’exception à nos seuls yeux, pour une vie harmonieuse. S’il faut trouver un terme pour évoquer cette « mutation » possible du mode de pensée dominante, fruit d’une adaptation au nouveau contexte environnemental, on pourrait parler de LUXESE,
où le plaisir et le bien-être se conjugueraient à la rareté et la simplicité. Sensible à l’écologie, éthique, critique envers les discours publicitaires et les produits que l’on ne répare plus mais que l’on jette, cette nouvelle vision du luxe revendique une société où nos actes de consommation prennent sens et nous prouve notre capacité à opérer des choix, favorisant notre estime de nous même, en nous mettant en retrait du monde d’abondance, de biens matériels. Les attentes sont d’elles-mêmes modifiées car il s’agit, au travers de ce type de comportement d’affirmer sa liberté individuelle en marge du jugement social, d’être ce que l’on désire être dans le cadre d’une éducation qui vise la connaissance de soi et du monde.


Ce type de questions, il n’y a que dans nos sociétés d’abondance que nous nous les posons, celles où nous croulons sous le « trop » au point de devoir chercher un sens à nos actions. Dans d’autres parties du monde, où la faim et la soif tiraillent les estomacs, chacun sait bien où se niche l’essentiel : dans la satisfaction des besoins physiologiques vitaux. Chez nous, plus que jamais, « l’essentiel est invisible pour les yeux », comme le disait Antoine de Saint-Exupéry dans Le Petit Prince. Englouti sous les multiples sollicitations pour consommer plus, travailler plus, se faire plaisir en conscience, encore et encore… OSONS la tentation !!!!!


 

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