"Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux"
La Boetie
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Pour ceux qui sentent en eux un besoin réel d'évoluer, cette motivation passe forcément par la création... l'acte créateur qui consiste à faire émerger du sens et à intégrer le
merveilleux en toutes choses, nous sommes faits pour ça!
"Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux"
La Boetie
La ville "utopie" de William Morris se décrit comme « moins peuplée, plus polluée, bruyante, agressive. Chacun y apprend le métier qu'il souhaite exercer, peut en changer, il ne reçoit pas de salaire, du reste, il na pas besoin d'argent car les biens sont mis à sa disposition dans les boutiques -on ne pèse plus les marchandises! Le travail devient source de joie ("l'art est l'expression que l'homme tire de son travail") et épouse les loisirs, la vie se trouve unifiée et esthétisée. Car c'est la beauté qui rend utiles les objets du quotidien, agréables les vêtements et aimable toute la population. Le luxe transcende la finalité de toute chose, métamorphose le banal, s'extirpe du jeu entre l'offre et la demande et honore celles et ceux qui l'apprécient. William Morris n'aime pas son époque (1834-1896), le pain sans "qualités gustatives", la laideur des villes, les vêtements incommodes, les chaussures handicapantes, les distractions publiques vulgaires, les bibeloteries hideuses, les comportements hypocrites, les bassesses des uns et des autres, bref, lui qui connaît le luxe -qui peut se le payer- "exige beaucoup plus de l'avenir", il réclame le bonheur! "Mais, se demande-t-il, qu’est-ce qui rend les hommes heureux? Une vie pleine, libre et la conscience de cette vie. Ou encore employer agréablement notre énergie et jouir du repos que sa dépense nécessite. Les utopistes oscillent entre ascèse et volupté, restriction et opulence, rudesse et jouissance, elles ont néanmoins un point commun: le luxe n'est plus nécessaire. Fourier et Morris imaginent une autre idée du luxe, à laquelle de plus en plus de designers et artistes modernes souscrivent, du moins dans la démarche: Des utopistes"domestiques" qui refusent "l'élitisme anachronique et dispendieux du luxe classique", tout autant que le culte de la possession et le désir de masquer une forme du réel, et applaudissent à "l'aspiration des citadins à simplement poser le pied dans de l'herbe fraîche, au contact proche et paradoxal de l'eau et du feu". »
« Pour le luxe, Fourier distingue le "luxe interne" (vigueur corporelle, raffinement, disponibilité active des sens) du "luxe externe" (fortune pécuniaire). Pour lui, le luxe est toujours composé et conjugue en permanence l'interne et l'externe, visant à la jouissance la plus complète des sens -combinés entre eux ou exaltés individuellement. Le luxe n'appartient pas au monde du marchandisme et échappe entièrement à la transaction monétaire. Il est à disposition de l'être humain à réceptionner le bonheur. Le luxe est un résultat à obtenir -telle une grâce" et non pas un objet à acquérir. La réorganisation de l'économie générale que suggère Fourier libère, en quelque sorte, le luxe de son état de bien ou de service à acheter. En effet, lorsque l'harmonie sera atteinte, l'Harmonien disposera de tout ce qu'il désire dans un cadre particulièrement soigné et confortable. Le "désir de luxe" ne serait plus dépendant du marché, mais bel et bien du désir de vivre pleinement selon ses passions. »
« Le luxe nécessite une connaissance certaine de soi et aussi une maîtrise de soi, afin de rester « en désirs » comme on dit en suspens ou en l’air, et d’éviter l’attitude envieuse, jalouse, insatisfaite qu’adopte celle ou celui qui désire toujours ce qui ne l’apaisera jamais. Ce luxe-là pourrait s’appeler « harmonie ». »
« L’homme démuni, pauvre est tiraillé par le nécessaire (ce que socialement on conçoit comme indispensable à une vie, en général) et n’imagine pas le non-nécessaire (ce qui individuellement contribue à son existence, en particulier). Le luxe vécu correspond à la sortie de ce monde où s’entrecroisent le nécessaire et le non-nécessaire, l’utile et l’inutile. Il est au-delà. »
« Ainsi, notre société doit reconsidérer la question du luxe et de « luxer » nos existences, de les euphoriser. Le moment est venu d’honorer 3 valeurs décisives pour la réalisation du plaisir de vivre : le temps, le silence et la vastitude. 3 valeurs qui précisément sont malmenées plus que jamais. Elles forment les 3 branches de l’étoile du luxe. « Etre au temps (et non pas avoir du temps !), que l’on se façonne à ses propres rythmes et selon ses humeurs, ses disponibilités, ses attentes, est un luxe. Avec le mot « silence », il faut attirer l’attention sur l’importance d’un environnement sans bruits agressifs et violents, déstabilisateurs. Ainsi, le silence participe au bien être, il est ouverture à soi et aux autres, il est pause et repos, il se fait écoute et prière. Le silence est d’or, dit-on, n’est-ce point l’aveu de son appartenance au domaine du luxe ? La « vastitude » exprime une certaine démesure, un excès de place, le contraire de l’étroit, du confiné, du renfermé. Ce mot annonce l’horizon, l’infini, le large, le départ, le renouveau, l’inconnu, l’étendue, la possibilité de s’isoler. Il refuse le principe de l’emplacement pour chaque chose et de chaque chose à sa place, il déplace, démet, recompose. Il ne se satisfait pas de norme car il sait que la maison est toujours plus qu’un logement. Il étouffe dans les vêtements cintrés, et désire respirer. Il refuse le plein (l’agenda sans temps morts, le menu complet, le programme non-stop, la surpopulation, le tumulte, le gaspillage imposé…) et aspire au vide, à l’à côté, au partiel, au provisoire, à la surprise, à la fluidité.
Cette vision du luxe, on l’aura compris est un art de vivre, où ces 3 valeurs –le temps, le silence et la vastitude- se complètent, se combinent, se superposent parfois. Elles sont sur la même longueur d’onde et leur alliance sécrète le luxe. Ce luxe qui loge dans la tête comme un rêve inachevé et d’autant plus utile…
Passages extraits du livre « Eloge du luxe », de Thierry PAQUOT
Chez l'homme, c'est notre cerveau reptilien qui nous permet de satisfaire nos besoins fondamentaux en nous faisant réagir dès lors que nous nous sentons menacés. Sans faire appel à nos capacités de raisonnement, c'est plutôt dans l'émotion immédiate que se traduisent les manifestations de ce langage à décoder. Ainsi, en s'enfonçant dans l'incompréhension de nos émotions et donc en les subissant, celles-ci risqueront fort de diminuer nos potentiels d'évolution individuels et collectifs, faisant naître stress et mal être qui nous rattrapent si souvent dans notre quotidien, si nous ne leur portons pas toute l'attention qu'elles méritent. En revanche, elles sont aussi sources inépuisables de notre richesse profonde, des clés les plus précieuses capables d'ouvrir les portes "blindées" de notre "fort intérieur", et si nous nous concentrons à décoder les messages qu'elles nous envoient, en tentant de les intégrer, elles nous accompagneront sans mal sur le chemin de notre individuation.
Si toute espèce vivante est caractérisée par ses besoins à satisfaire pour perdurer, chez l'homme, on peut les regrouper en trois grands types de besoins fondamentaux, qui conditionnent tout acte, pensée et événement le touchant dans son quotidien: le besoin de sécurité, le besoin d'identité et le besoin de réalisation. Pour subvenir à ces besoins, l'homme va "instinctivement", grâce à son cerveau reptilien, adopter trois comportements possibles faisant face à chaque situation: La fuite (face à une situation dans laquelle il ressent un besoin de sécurité), la lutte (face à une situation dans laquelle il ressent un besoin d'identité) et le replis sur soi (face à une situation dans laquelle il ressent un besoin de réalisation). Donc, tant que ces besoins ne sont pas assouvis, il va mettre en place des "palliatifs", qui, à court terme, les combleront. Ces palliatifs, il s'agit bien des émotions qui l'envahissent sans, encore une fois les raisonner et qui si elles ne sont pas maîtrisées, peuvent le submerger complétement et le perdre. Ainsi, derrière chaque comportement se cache une émotion précise, traduisant un un besoin non assouvi: derrière le comportement de fuite, se cache une peur issue d'un besoin de sécurité non assouvi. Derrière le comportement de lutte se cache une tension issue d'un besoin d'identité non assouvi et derrière le comportement de replis sur soi se cache une fatigue issue d'un besoin de réalisation de soi non assouvi.
Puisque ces besoins révèlent des manques personnels, il est facile de comprendre que les solutions sont à trouver en nous et pas à l'extérieur, c'est encore une fois grâce à un travail sur soi, qu'il est envisageable de maîtriser les émotions qui, au premier abord, ne sont que la conséquence de la survenue d'un événement extérieur. Mais c'est faux. Il s'agit plutôt de la conséquence d'une gestion "inadéquate" et d'une "non adaptibilité" internes à ces situations externes. Et à chaque fois que nous avons peur, que nous sommes sous tension (stressés) ou fatigués, il faut y voir une solution, sorte de réaction compensatoire de notre cerveau reptilien pour "pallier" rapidement à un manque d'être à un des trois niveaux évoqués plus haut, pouvant conduire jusqu'à une somatisation affectant le corps sous forme de maladie. Le lien entre émotions et maladies est ainsi fait!
Pour ne pas se laisser submerger par les émotions révélant nos manques d'assouvissement des besoins, il faut d'abord prendre conscience de tout cela et accepter ces émotions souvent destabilisantes pour notre cerveau rationnel, logique et controlé. Savoir aussi qu'à chaque type d'émotions existe une solution à faire émerger de nous et à "cultiver": La confiance va permettre d'apprivoiser la peur, l'amour va permettre d'apprivoiser la tension et la reconnaissance va permettre d'apprivoiser la fatigue. C'est en ne perdant pas de vue que nous possédons en nous ces précieuses vertus à exprimer au bon moment, face aux situations "adéquates", que nous pourrons poursuivre sur le chemin de notre évolution, en nous servant de nos émotions comme moteur, devenant alors de véritables... cré-acteurs!