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13 février 2008 3 13 /02 /février /2008 14:47





"Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux"

La Boetie

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5 février 2008 2 05 /02 /février /2008 17:36
            Pour atteindre un stade méditatif avancé, les différentes philosophies qui permettent d’y accéder se rejoignent toutes sur le fait que ce niveau s’acquière lorsque l’on est prêt à « oublier son ego ». C’est ego pourtant fortement valorisé dans nos sociétés occidentales, est toute fois « brimé » en Orient. Quelle attitude adopter face à cette « partie de nous », pour accéder à la sérénité de l’être. Osho nous éclaire sur quelques points parfois déconcertants, mais tellement évidents et constructifs. En résumé, il nous invite à trouver notre ego (en prendre conscience) avant de le perdre. Voilà ce qu’il dit :
 
« L’ego doit être arrivé au sommet, il doit être solide. Il doit avoir atteint une plénitude- ce n’est qu’alors que vous pouvez le dissoudre. Un ego faible ne peut être dissous. Et cela devient un problème. » […]
 
« Vous possédez un ego, vous le dissimulez sous son contraire. C’est ainsi que naît l’hypocrisie. Vous devenez humble en surface. Cette humilité superficielle ne peut tromper personne. Elle vous abusera peut être mais elle n’abusera personne d’autre. Par les trous de vos guenilles, votre ego continue de montrer le bout de l’oreille. Il est toujours présent. C’est se mentir à soi même, rien de plus. C’est ce qui se produit lorsque vous commencez à rejeter l’ego immature. » […]
 
« Mon enseignement aura l’air contradictoire, mais il est conforme à la vie. C’est pourquoi je vous apprends à être des égoïstes –afin que vous puissiez devenir sans ego. Je vous apprends à être de parfaits égoïstes. Ne le dissimulez pas, sinon, l’hypocrisie apparaîtra. Et ne vous battez pas contre un phénomène non encore arrivé à maturité. Laissez-le mûrir et aidez le. Conduisez le au sommet. […] Lorsqu’il sera à son point culminant, vous le saurez : car le point culminant de l’ego sera aussi celui de vos expériences infernales, il sera un cauchemar. Et il n’est alors besoin de personne pour vous dire : laissez-le tomber ! Votre ego n’est pas encore assez douloureux à ce point : c’est pourquoi vous le gardez. C’est tout naturel. […] Rappelez vous, il faut à chaque chose un certain temps pour se développer, pour mûrir, pour tomber dans le sol et s’y dissoudre. Votre ego, lui aussi, demande un certain temps. Aussi, ne craignez pas d’être égoïstes. Vous l’êtes, sinon, il y a longtemps que vous auriez disparu. Et vous ne pourriez exister… Tel est le mécanisme de la vie : il faut être égoïste, il vous faut vous frayer un chemin, il vous faut vous battre contre des millions et des millions de désirs qui vous assiègent, il vous faut lutter, il vous faut survivre. L’ego est un moyen de survie. Si un enfant naît sans ego, il meurt. Car s’il a faim, il n’éprouvera pas « j’ai faim ». Il sentira que la faim est là, mais sans relation avec lui-même. L’enfant se développe grâce au développement de son ego. C’est pourquoi je considère que l’ego est un élément de la croissance naturelle. Et un deuxième pas est à faire, où il doit être abandonné. Cela aussi est naturel. Mais ce deuxième pas ne peut être fait que lorsque le premier a atteint son sommet, lorsqu’il est parvenu à son point culminant. »
 
« J’enseigne donc l’un et l’autre. J’enseigne l’égoïsme et j’enseigne aussi l’état sans ego. Commencez par être des égoïstes, de parfaits égoïstes, des égoïstes absolus, comme si l’existence entière n’était que pour vous et que vous en étiez le centre. Soyez le centre et n’ayez pas peur. Acceptez-le ! Cela fait partie de votre croissance. Puis, prenez conscience que vous n’êtes pas le centre : c’était une idée fausse, c’était une attitude infantile. Maintenant vous avez mûri. Lorsque vous voyez que vous n’êtes pas le centre, vous voyez aussi qu’il n’y a pas de centre dans l’existence, ou alors que le centre est partout. Ou bien il n’y a pas de centre et l’existence existe comme un tout, comme une globalité sans aucun centre qui puisse servir de point de référence ; ou bien chaque atome est un centre. »
 
« L’ego est la coquille de l’œuf : il vous protège. Mais lorsque vous y êtes préparé, brisez la coquille, sortez de l’œuf. L’ego est la coquille. Patientez pourtant. Donnez-lui du temps, et ne le condamnez pas. […] L’ego est une maladie si vous en êtes inconscient, si vous le dissimulez dans l’inconscient. L’ego est un jeu si vous en êtes conscient. Vous pouvez y prendre plaisir, vous pouvez y jouer. Soyez conscient, attentif et jouez le jeu ! Un jeu, ce n’est jamais mauvais ; mais si vous oubliez que c’est un jeu et si vous devenez trop sérieux, alors se posent des problèmes. »
 
« Soyez des égoïstes : parfaits, cultivés, raffinés. Continuez de travailler sur votre ego et faites-en une statue magnifique car, avant que vous ne le rendiez à Dieu, il faut que ce soit quelque chose qui vaille la peine d’être donné, il faut que ce soit un cadeau. »
 
Alors, déconcertant n’est-ce pas ? Et en même temps tellement constructif et singulier comme pensée, qui mène à une réflexion profonde. Le secret de l’évolution ne se trouve décidément pas là où on l’attend !!!
 
 

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31 janvier 2008 4 31 /01 /janvier /2008 09:14






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30 janvier 2008 3 30 /01 /janvier /2008 21:29
Dans le langage astrologique, l’éveil de la conscience est associé au LION et à son maître, le soleil. Il faut y voir là un symbole qui doit résonner en chacun de nous sur le chemin de notre individuation. Ainsi, pour évoluer dans ce sens, il nous faut intégrer notre LION et tout ce qu’il représente.
 
En fait, le soleil intimement lié au LION nous donne la faculté de voir que nous sommes un individu séparé. Le symbole du soleil (un point entouré d’un cercle) est celui de l’individualité : « je suis une entité distincte ayant sa propre volonté et son propre avenir » (n’oublions pas que le soleil, en tant qu’astre utilisé en astrologie, est le seul corps émetteur d’énergie, cette même énergie qui rayonne sur toutes les autres planètes, en fonction de leurs caractéristiques et engendrant leurs vibrations propres ! Donc de la conscience individuelle naît la conscience collective.). Cette séparation n’est pas sans rappeler le processus de rupture du cordon ombilical qui fait de nous une personne séparée et nous fait prendre conscience de la mort. Cela est en rapport aussi avec la séparation socio-culturelle et familiale par laquelle tout individu doit inévitablement passer dans la voie de son accomplissement personnel. Si certains d’entre nous doivent attendre pour cela la mort de leur propre parent dans leur vie et si cette disparition fait d’eux des orphelins car le cordon ombilical est alors coupé à jamais, du moins sur le plan physique, cette coupure ouvre la voie à de nouveaux questionnements, à l’assouvissement de nouveaux choix VERITABLEMENT personnels et d’une nouvelle vision des choses de type philia (notion grecque représentant l’excitation que l’on ressent en prenant conscience de l’existence d’autres personnes dans le monde). Un des archétypes du LION est le héros, celui qui cherche la vérité et vit des aventures l’amenant à se découvrir lui-même en vue de découvrir l’autre. Le voyage de ce héros l’amène à la connaissance de soi, mais on ne peut l’entreprendre (puisque le LION suit le cancer en astrologie –signe le plus lunaire donc « maternel »-) tant que l’on n’a pas rompu le cordon ombilical qui nous empêche d’être une personne à part entière.
 
 
Toujours d’un point de vue astrologique, ce processus de rupture du cordon ombilical correspond au passage du cancer au lion (de l’élément eau à l’élément feu). Il faut se rappeler que le cancer est le dernier des quatre signes personnels et le LION le premier du groupe des signes sociaux. Cette transition représente le concept Jungien de seconde naissance, ayant lieu le 22 juillet sur la roue de la vie (le zodiaque). Pour naître une deuxième fois, il faut non seulement parvenir à rompre le cordon ombilical qui nous lie à notre famille (personnel), mais aussi celui qui nous lie à la société à laquelle nous appartenons (social). Couper le cordon ombilical qui nous lie à notre famille implique un déplacement du scorpion au sagittaire (de l’élément eau à l’élément feu encore), le premier des signes universels, le 21 novembre. Enfin avec l’émergence du BELIER, la « mort » du poisson (de l’élément eau à l’élément feu toujours !), se retrouve comme le dernier cordon ombilical coupé entre l’universel et l’incarnation de l’être véritable, pour redémarrer un nouveau cycle. Ainsi, si le bélier nous éveille à notre « moi » personnel, le sagittaire nous éveille au moi universel et le lion à notre moi social. En d’autres termes, le BELIER est le feu de l’enthousiasme que nous éprouvons en réalisant que nous existons, et chez le lion, il est provoqué par la découverte de l’existence d’autrui. Encore une fois, cette prise de conscience ne peut intervenir en LION que si nous avons accompli en cancer le processus de rupture du cordon ombilical. Sur le plan archétypique, le LION est la joie et l’exaltation ressentie à l’idée que l’autre existe. La philia qui lui est associée est la forme d’amour liée à Apollon, un amour solaire fondé sur la conscience. Ce n’est pas un hasard si nous associons le LION au soleil, et le soleil à la conscience de l’ego. « Je suis une personne distincte des autres », dit le soleil, et c’est là que commence vraiment le processus d’individuation (dont le premier stade est l’individualisme à dépasser). Ca n’a rien d’un hasard si le signe précédant le LION est le cancer régi par la lune, car il représente la mère et le cordon ombilical que nous devons trancher pour accéder au lion. Conserver ce cordon veut dire que nous continuons à porter le fardeau du mythe familial. Ceux qui ne veulent pas renoncer à ce lien ni quitter leur territoire de base restent aliénés ce qui les empêche de vivre pleinement leur existence, ce qui peut conduire jusqu’à une perte d’âme somatisée, seule solution palliative. Sur un plan biologique, le lion représente l’éveil du chakra du cœur. Ceci résonne avec le besoin « vital » de créer propre au LION, ce besoin qui surgit du cœur et fait que la quête du bien, du vrai et du beau est, elle aussi, reliée à l’instinct apollinien du LION qui nous habite. Ainsi, la Philia associée au LION est la pulsion créatrice. Elle donne un sentiment d’euphorie : le monde est merveilleux, tout est formidable et on a envie de partager tout cet amour et cette lumière avec une autre personne. L’amour du lion, l’amour philia, est un « amour » feu comme l’inspiration qui, en libérant leur créativité, leur permet de devenir pleinement eux-mêmes.
 
Grâce au LION et à sa Philia associée, il est possible de commencer progressivement à intérioriser ou réintégrer notre projection extérieure du héros idéal, et donc d’avancer dans notre processus d’individuation en dépassant la dimension balance de vénus qui situe le désir de se relier à autrui uniquement sur un plan esthétique ou idéalisé, appelé Epithumia. Cet éveil du soi « léonesque » doit conduire naturellement à l’eros, la forme d’amour suivante, propre au scorpion « destructeur » ultime étape avant d’espérer atteindre l’amour universel neptunien, l’Agappe. Pour en revenir au symbole « social » du LION, c’est probablement parce que les êtres humains sont les seuls animaux sachant qu’ils vont mourir, qu’ils peuvent expérimenter la philia. C’est la conscience de cette mortalité qui nous pousse à rompre le cordon ombilical et prendre conscience de la séparation qui existe entre nous et nos semblables, séparation indispensable à intégrer en vue du processus d’évolution saine…
 
 
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21 janvier 2008 1 21 /01 /janvier /2008 08:02

La ville "utopie" de William Morris se décrit comme « moins peuplée, plus polluée, bruyante, agressive. Chacun y apprend le métier qu'il souhaite exercer, peut en changer, il ne reçoit pas de salaire, du reste, il na pas besoin d'argent car les biens sont mis à sa disposition dans les boutiques -on ne pèse plus les marchandises! Le travail devient source de joie ("l'art est l'expression que l'homme tire de son travail") et épouse les loisirs, la vie se trouve unifiée et esthétisée. Car c'est la beauté qui rend utiles les objets du quotidien, agréables les vêtements et aimable toute la population. Le luxe transcende la finalité de toute chose, métamorphose le banal, s'extirpe du jeu entre l'offre et la demande et honore celles et ceux qui l'apprécient. William Morris n'aime pas son époque (1834-1896), le pain sans "qualités gustatives", la laideur des villes, les vêtements incommodes, les chaussures handicapantes, les distractions publiques vulgaires, les bibeloteries hideuses, les comportements hypocrites, les bassesses des uns et des autres, bref, lui qui connaît le luxe -qui peut se le payer- "exige beaucoup plus de l'avenir", il réclame le bonheur! "Mais, se demande-t-il, qu’est-ce qui rend les hommes heureux? Une vie pleine, libre et la conscience de cette vie. Ou encore employer agréablement notre énergie et jouir du repos que sa dépense nécessite. Les utopistes oscillent entre ascèse et volupté, restriction et opulence, rudesse et jouissance, elles ont néanmoins un point commun: le luxe n'est plus nécessaire. Fourier et Morris imaginent une autre idée du luxe, à laquelle de plus en plus de designers et artistes modernes souscrivent, du moins dans la démarche: Des utopistes"domestiques" qui refusent "l'élitisme anachronique et dispendieux du luxe classique", tout autant que le culte de la possession et le désir de masquer une forme du réel, et applaudissent à "l'aspiration des citadins à simplement poser le pied dans de l'herbe fraîche, au contact proche et paradoxal de l'eau et du feu". »

 « Pour le luxe, Fourier distingue le "luxe interne" (vigueur corporelle, raffinement, disponibilité active des sens) du "luxe externe" (fortune pécuniaire). Pour lui, le luxe est toujours composé et conjugue en permanence l'interne et l'externe, visant à la jouissance la plus complète des sens -combinés entre eux ou exaltés individuellement. Le luxe n'appartient pas au monde du marchandisme et échappe entièrement à la transaction monétaire. Il est à disposition de l'être humain à réceptionner le bonheur. Le luxe est un résultat à obtenir -telle une grâce" et non pas un objet à acquérir. La réorganisation de l'économie générale que suggère Fourier libère, en quelque sorte, le luxe de son état de bien ou de service à acheter. En effet, lorsque l'harmonie sera atteinte, l'Harmonien disposera de tout ce qu'il désire dans un cadre particulièrement soigné et confortable. Le "désir de luxe" ne serait plus dépendant du marché, mais bel et bien du désir de vivre pleinement selon ses passions. »

 « Le luxe nécessite une connaissance certaine de soi et aussi une maîtrise de soi, afin de rester « en désirs » comme on dit en suspens ou en l’air, et d’éviter l’attitude envieuse, jalouse, insatisfaite qu’adopte celle ou celui qui désire toujours ce qui ne l’apaisera jamais. Ce luxe-là pourrait s’appeler « harmonie ». »

« L’homme démuni, pauvre est tiraillé par le nécessaire (ce que socialement on conçoit comme indispensable à une vie, en général) et n’imagine pas le non-nécessaire (ce qui individuellement contribue à son existence, en particulier). Le luxe vécu correspond à la sortie de ce monde où s’entrecroisent le nécessaire et le non-nécessaire, l’utile et l’inutile. Il est au-delà. »

« Ainsi, notre société doit reconsidérer la question du luxe et de « luxer » nos existences, de les euphoriser. Le moment est venu d’honorer 3 valeurs décisives pour la réalisation du plaisir de vivre : le temps, le silence et la vastitude. 3 valeurs qui précisément sont malmenées plus que jamais. Elles forment les 3 branches de l’étoile du luxe. « Etre au temps (et non pas avoir du temps !), que l’on se façonne à ses propres rythmes et selon ses humeurs, ses disponibilités, ses attentes, est un luxe. Avec le mot « silence », il faut attirer l’attention sur l’importance d’un environnement sans bruits agressifs et violents, déstabilisateurs. Ainsi, le silence participe au bien être, il est ouverture à soi et aux autres, il est pause et repos, il se fait écoute et prière. Le silence est d’or, dit-on, n’est-ce point l’aveu de son appartenance au domaine du luxe ? La « vastitude » exprime une certaine démesure, un excès de place, le contraire de l’étroit, du confiné, du renfermé. Ce mot annonce l’horizon, l’infini, le large, le départ, le renouveau, l’inconnu, l’étendue, la possibilité de s’isoler. Il refuse le principe de l’emplacement pour chaque chose et de chaque chose à sa place, il déplace, démet, recompose. Il ne se satisfait pas de norme car il sait  que la maison est toujours plus qu’un logement. Il étouffe dans les vêtements cintrés, et désire respirer. Il refuse le plein (l’agenda sans temps morts, le menu complet, le programme non-stop, la surpopulation, le tumulte, le gaspillage imposé…) et aspire au vide, à l’à côté, au partiel, au provisoire, à la surprise, à la fluidité.

Cette vision du luxe, on l’aura compris est un art de vivre, où ces 3 valeurs –le temps, le silence et la vastitude- se complètent, se combinent, se superposent parfois. Elles sont sur la même longueur d’onde et leur alliance sécrète le luxe. Ce luxe qui loge dans la tête comme un rêve inachevé et d’autant plus utile…

 

Passages extraits du livre « Eloge du luxe », de Thierry PAQUOT

 

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3 janvier 2008 4 03 /01 /janvier /2008 15:47

Chez l'homme, c'est notre cerveau reptilien qui nous permet de satisfaire nos besoins fondamentaux en nous faisant réagir dès lors que nous nous sentons menacés. Sans faire appel à nos capacités de raisonnement, c'est plutôt dans l'émotion immédiate que se traduisent les manifestations de ce langage à décoder. Ainsi, en s'enfonçant dans l'incompréhension de nos émotions et donc en les subissant, celles-ci risqueront fort de diminuer nos potentiels d'évolution individuels et collectifs, faisant naître stress et  mal être qui nous rattrapent si souvent dans notre quotidien, si nous ne leur portons pas toute l'attention qu'elles méritent. En revanche, elles sont aussi sources inépuisables de notre richesse profonde,  des clés les plus précieuses capables d'ouvrir les portes  "blindées" de notre "fort intérieur", et si nous nous concentrons à décoder les messages qu'elles nous envoient, en tentant de les intégrer, elles nous accompagneront sans mal sur le chemin de notre individuation. 

Si toute espèce vivante est caractérisée par ses besoins à satisfaire pour perdurer, chez l'homme, on peut les regrouper en trois grands types de besoins fondamentaux, qui conditionnent tout acte, pensée et événement le touchant dans son quotidien: le besoin de sécurité, le besoin d'identité et le besoin de réalisation. Pour subvenir à ces besoins, l'homme va "instinctivement", grâce à son cerveau reptilien, adopter trois comportements possibles faisant face à chaque situation: La fuite (face à une situation dans laquelle il ressent un besoin de sécurité), la lutte (face à une situation dans laquelle il ressent un besoin d'identité) et le replis sur soi (face à une situation dans laquelle il ressent un besoin de réalisation). Donc, tant que ces besoins ne sont pas assouvis, il va mettre en place des "palliatifs", qui, à court terme, les combleront. Ces palliatifs, il s'agit bien des émotions qui l'envahissent sans, encore une fois les raisonner et qui si elles ne sont pas maîtrisées, peuvent le submerger complétement et le perdre. Ainsi, derrière chaque comportement se cache une émotion précise, traduisant un  un besoin non assouvi: derrière le comportement de fuite, se cache une peur issue d'un besoin de sécurité non assouvi. Derrière le comportement de lutte se cache une tension issue d'un besoin d'identité non assouvi et derrière le comportement de replis sur soi se cache une fatigue issue d'un besoin de réalisation de soi non assouvi. 

Puisque ces besoins révèlent des manques personnels, il est facile de comprendre que les solutions sont à trouver en nous et pas à l'extérieur, c'est encore une fois grâce à un travail sur soi, qu'il est envisageable de maîtriser les émotions qui, au premier abord, ne sont que la conséquence de la survenue d'un événement extérieur. Mais c'est faux. Il s'agit plutôt de la conséquence d'une gestion "inadéquate" et d'une "non adaptibilité" internes à ces situations externes. Et à chaque fois que nous avons peur, que nous sommes sous tension (stressés) ou fatigués, il faut y voir une solution, sorte de réaction compensatoire de notre cerveau reptilien pour "pallier" rapidement à un manque d'être à un des trois niveaux évoqués plus haut, pouvant conduire jusqu'à une somatisation affectant le corps sous forme de maladie. Le lien entre émotions et maladies est ainsi fait!

Pour ne pas se laisser submerger par les émotions révélant nos manques d'assouvissement des besoins, il faut d'abord prendre conscience de tout cela et accepter ces émotions souvent destabilisantes pour notre cerveau rationnel, logique et controlé. Savoir aussi qu'à chaque type d'émotions existe une solution à faire émerger de nous et à "cultiver": La confiance va permettre d'apprivoiser la peur, l'amour va permettre d'apprivoiser la tension et la reconnaissance va permettre d'apprivoiser la fatigue. C'est en ne perdant pas de vue que nous possédons en nous ces précieuses vertus à exprimer au bon moment, face aux situations "adéquates", que nous pourrons poursuivre sur le chemin de notre évolution, en nous servant de nos émotions comme moteur, devenant alors de véritables... cré-acteurs!

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12 décembre 2007 3 12 /12 /décembre /2007 16:14
« Quelle sera la société de demain ? Implicitement, il est admis qu’elle sera une simple extrapolation de celle d’aujourd’hui, que les tendances récentes se prolongeront, que le développement des techniques rendra toujours plus féroces les luttes entre puissances économiques. Cette soumission à des fatalités qui ne sont nullement imposées par la nature prépare une humanité toujours plus éloignée de l’idéal d’une possible « humanitude ». C’est à dire d’une organisation des rapports entre communautés permettant de voir en chaque « autre » non un obstacle mais une source.
            Un changement radical d’orientation est nécessaire. Il implique de proposer aux jeunes non pas de se faufiler dans la forteresse, mais d’en abattre les murailles. Et de mettre en place une société où aucun humain ne serait perçu comme « en trop ». Ce changement ne pourra être réalisé que par l’adhésion des nouvelles générations. Cette adhésion ne peut être que le fruit de l’éducation. Nous voici donc devant une nouvelle définition du système éducatif : « non plus préparer le jeunes à entrer dans la société, mais les préparer à construire une société nouvelle. »
            […] Nous nous habituons à supporter l’insupportable. Cette acceptation, cette résignation sont sans doute ce qu’il y a de pire dans le diagnostic que l’on peut porter sur notre devenir. Tout se passe comme si la destruction des richesses de la planète, le refoulement de la misère d’une fraction toujours plus grande de l’humanité, l’accroissement des inégalités étaient fatals. Un sursaut est-il possible, nous ramenant à la lucidité ?
            Je veux y croire. En rencontrant des élèves j’essaie de donner force à cet espoir… »
            
Extrait de "l'équation du nénuphar", Albert Jacquard
 
 
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4 novembre 2007 7 04 /11 /novembre /2007 07:38
Communiquer pour révéler…
 
            Etant considéré comme outil de l’homme participant à sa singularité par rapport à tout autre espèce, le langage, doit lui servir pour se transformer au-delà de ce qu’il est aujourd’hui. Si c’est vers l’écoute et la prise en compte du sensible, de l’intuition et de l’inconscient qu’il doit se diriger, alors c’est le langage qui doit l’y mener. En « entendant » et en se « servant » autrement du langage, dans son sens le plus élevé, bien plus que communiquer, bavarder, il nous aidera à capter ce qui EST, à révéler le sens de ce qui, dans le silence de l’ ETRE, peut entrer dans le dicible. Doué de la parole, nous pouvons être portés dans la sphère de la compréhension du sens de l’existence. En effet, ayant avant tout pour vocation de servir à penser par une utilisation linguiste et conventionnelle des mots, il possède (tout comme l’inconscient) des secrets cachés, capables d’exprimer non plus des concepts, mais des images. Et c’est au travers d’une approche symbolique du langage, qu’il sera possible d’accéder à ces images, et donc d’évoluer…
 
            Pour cela, il faut déjà admettre que la valeur du langage ne tient pas seulement au souci d’efficacité de la communication. Il peut être davantage qu’un moyen d’expression, de communication, sans le détour d’une quelconque utilité. Au lieu d’être trivial et commun, parce que tourné vers l’action, différents moyens peuvent le ramener à ce qu’il est originellement : un langage sensible, révélateur des valeurs ontiques universelles qui habitent l’homme dans sa quête de l’accomplissement de soi, de la vérité jusqu’à l’essentialité en passant par la simplicité, la beauté, la complétude, l’originalité…et de son inconscient. Dans la recherche de ce « verbe sensible », commun à tous et rénovateur de Babel qui nous permettrait d’atteindre le ciel, univers des êtres dits supérieurs, les dieux (en bref, d’atteindre le degré ultime d’évolution qui doit être LA quête de chaque être humain !), il faut entrevoir le mystère de la parole que la raison logique n’atteint pas, un mystère qui s’épanouit quand nous devenons capables d’écoute. Il s’agit là de rechercher d’autres voies de connaissance, de décrire le réel et de l’appréhender avec un regard neuf et de se laisser guider par son « cerveau droit », intuitif et global, trop souvent réprimé et mis au rebut dans nos sociétés actuelles, car les secrets sont bien encrés en nous. Mais cela suppose toutefois de conserver une griffe de cohérence afin de ne pas sombrer dans les dérives de l’imaginaire et de l’illusion. Ainsi, tout comme le langage conceptuel s’exprime selon une méthode construite sur la pensée logique et l’analyse linguistique des objets, cette autre voie doit prendre ses sources sur la pensée analogique (la synchronicité de Jung) et l’approche symbolique des objets. Car tout peut être symbole dans la nature pour qui a développé un regard et une sensibilité symbolique et tout objet considéré comme tel est plus qu’il n’y paraît : il est porteur de sens, une manière de ré- enchanter le monde, et d’écouter son chant ! Et nombreux sont les outils à notre disposition, dans notre quotidien capables d’enrichir de sens et de symboles notre langage et qui doivent prendre appui sur ce que l’on EST, entité globale appartenant à un tout encore plus grand. Ainsi, si les astres, puissants centres énergétiques, constituent ce grand tout qui nous environne, il faut les considérer comme porteurs d’une symbolique encrée depuis la nuit des temps dans l’inconscient collectif de chacun, qui ne demande qu’à transparaître et à révéler ce qui nous lie à l’au-delà, au ciel et aux Dieux et doit nous « guider » vers « plus haut »! Si l’on considère que tout est en étroite interrelation dans l’univers, ce macrocosme serait apte à résonner dans le microcosme qui s’organise en notre corps, rempli d’énergie et possédant lui aussi un langage symbolique par lequel il exprime aussi bien ses sentiments les plus sereins que ses souffrances les plus cruelles. Ce corps, qui nous encre sur la terre, nous indique bien que pour espérer évoluer, c’est en révélant ce qui est au plus profond, au plus intime et au plus caché de nous, jusqu’aux racines de notre inconscient individuel, qu'il faut puiser les ressources, par le biais de nos ancêtres...
 
Et c’est entre autre par le langage métaphorique qu’il faut passer pour rendre par l’image ce qui ne se dit pas dans les concepts tout préparés. La métaphore peut suggérer au niveau du sensible, par l’image, ce qu’est la chose même. L’image sert alors de pont vers la saisie intuitive d’une relation subtile que le mental ne peut appréhender à partir de sa logique linéaire et duelle. L’usage du mythe prend tout son sens ici, pour passer au-delà des possibilités de la dialectique logique. Comme la métaphore, il ne traduit pas du tout une impuissance de la pensée, mais une manière poétique, imagée et réelle, de suggérer des valeurs qui ne se découpent pas en concepts rationnels. De la même manière, le verbe possède un pouvoir naturel, le mot est magique par essence et rend le langage sacré d’où la nécessité « d’écouter avec notre oreille sensible » chaque syllabe de chaque mots choisis car ils ne le sont pas au hasard, et dans chaque discours entre le monde sensible. Une image et une idée se cache ainsi dans la phonétique et l’étymologie de chaque mot et dans ce sens, il faut savoir que des jeux de mots se cachent derrière chaque sons qu’ils émettent, suggérant d’autres mots comme pour à la fois les cacher et le rendre détectables ensuite. C’est l’expression de toute la complexité de l’inconscient, qui même enfoui bien au chaud au fond de nous même, ne demande qu’à rejaillir par n’importe quelle porte pour se libérer.
 
 
Libérer nos inconscients (individuels et collectifs) pour évoluer par le verbe passe inévitablement par l’attention particulière qu’on doit porter à la symbolique de tout acte de notre quotidien, surtout ceux auxquels on ne parvient pas à donner une explication rationnelle comme les rêves, les actes manqués, les coincidences… Ce sont ces manifestations qui servent de point d’encrage de nos inconscients dans la « réalité », et leur décodage par le langage symbolique doit permettre de comprendre la cohérence et le lien qui réside entre la manifestation de toute chose et sa signification. Peut-on envisager que nous tenons là la vocation ultime du langage, celle de « re-lier » l’Homme et les Dieux, dont la mésentente les a conduit à la destruction de la tour de Babel, unique obstacle à une possibilité d’évolution car cela n’avait aucun sens. Donc le langage, pour être réellement constructeur doit « re- lier » tout ce qui par convention est séparé y trouver un sens et unifier les « forces » pour créer un nouveau babel, révélateur d’une véritable puissance créatrice menant toujours « plus haut »… « re-lier » tout ce qui par nature est séparé… le ciel et la terre, les yin et le yang, le cerveau gauche et le cerveau droit, l’être et l’avoir, le conscient et l’inconscient !

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2 novembre 2007 5 02 /11 /novembre /2007 08:25
Communiquer pour penser…
 
Selon Chomsky, il faut refuser la phrase « si seulement tout le monde pensait comme moi ! », plutôt prôner le « si tout le monde pensait ! »
 
Parce que l’individu soumis aux manipulations du pouvoir social du langage sent tout de même émerger en lui un besoin certain d’autonomie, face à toute situation de domination, il ressent une tension ou une anxiété, signe de sa désapprobation à un ordre de l’autorité. L’individu, pour faire baisser cette tension n’a pour solution la plus radicale, que la désobéissance, mais le fait « inconscient » qu’il ait accepté de se soumettre peut l’obliger à continuer d’obéir longtemps…jusqu’à ce qu’un seuil soit atteint et qu’il réalise enfin qu’il est capable de mobiliser ses ressources intérieures, et de les transformer dans un domaine situé au-delà de l’aliénation morale établie et des objections correctement formulées. Alors, il peut se servir du langage, non plus comme un outil de manipulation, mais un outil de pensée objective capable de clarifier les choses, de démonter les mécanismes de pouvoir dans les discours dominants les rendant obscures pour revenir à sa vocation première. Ainsi, mettre en œuvre ce cerveau gauche qui fait de lui un être « dit supérieur » à bon escient, et exprimer par le langage ses pensées les plus saines, avec pour seule motivation de bousculer l’ordre pré- établi collectivement, et les idées préconçues afin de faire émerger de sa conscience individuelle les idées d’un changement possible, point de départ de l’évolution de l’espèce… On entre là dans le « véritable exercice » du langage humain, celui d’exprimer une pensée « réfléchie », donc une idée, à l’aide de signes gestuels ou verbaux. Il s’agit donc là de la vocation logique du langage.
 
Nous vivons spontanément dans le langage, comme un poisson vit dans l’eau et cela depuis le berceau de l’humanité: la pensée raisonnant dans le langage, elle se moule dans des mots pour se trouver et pour se dire. Elle suppose alors une logique et une connaissance qui prennent une forme rationnelle et se structure de manière conceptuelle. Cette pensée conceptuelle chez l’homme ne se développe vraiment que dans l’usage des signes (surtout verbaux), symboles d’une réalité posée par la pensée, qui correspond à la manière dont la pensée réfléchie s’exprime chez lui, d’où l’intérêt de bien choisir ses mots pour parler. C’est ce qui intéresse les linguistes contemporains. Ces mots nous permettent de nommer des aspects complexes de la réalité. Si une valeur élémentaire de ces mots montre qu’ils ont pour vocation de transmettre des informations, ils vont beaucoup plus loin dans la communication d’un sens… donc dans la signification. On peut alors admettre que le sujet conscient, tant qu’il n’a pas formulé ses pensées, demeure enclôt dans une sphère subjective, qui ne prend pas forme objective. « S’ex-primer », c’est sortir du moi pour prendre conscience de sa propre pensée à travers les mots. Il serait illusoire de croire que la pensée réfléchie puisse se passer des mots. Ainsi, selon Hegel, « la pensée ne devient précise que lorsqu’elle trouve le mots, la pensée trouve sa réalité dans l’expression du langage, car avant, elle peut n’avoir qu’un fantôme d’existence et l’esprit peut être dans la plus complète confusion tout en s’imaginant qu’il pense quelque chose alors qu’il ne sait même pas ce qu’il pense ». Ainsi je ne suis conscient de ce que je pense, qu’à partir du moment où je suis capable de le formuler. Tout le travail réside donc dans le fait de se façonner une pensée précise, nuancée et complexe, et surtout de disposer des moyens nécessaires pour l’exprimer : l’instruction (et là déjà, nous ne sommes pas tous égaux), la neutralité de l’information, l’autonomie de pensée…et le recul objectif face à toute situation, sans quoi la pensée et donc le langage sont vite étourdis ! Et là, la pensée exprimée devient un véritable acte créateur permettant une invention permanente de signification et une évolution possible des cultures. Ainsi, il est possible d’user de toute la magie des mots par l’expression littéraire qui est capable de métamorphoser un matériau brut reçu de la langue ordinaire pour dépasser les limites du langage du concept rationnel, reflet d’une pensée de toute beauté. Et éveiller le langage en utilisant des « figures de style »bien utilisées permet de suggérer un sens qui ne se découpe pas en concepts rationnels. Il faut aller dans cette direction pour s’émanciper des contraintes du langage conceptuel, parce que la théorie intellectualiste a ses limites…
 
« C’est une gêne sérieuse pour moi quand je rédige, et plus encore quand je m’explique de ne pouvoir penser aussi facilement en mots qu’autrement… Il arrive souvent, après avoir durement travaillé et être arrivé à des résultats qui sont parfaitement clairs pour moi, que quand je veux les exprimer en mots, je sens que je dois commencer par me mettre sur un plan intellectuel tout à fait autre. J’ai à traduire mes pensées dans un langage qui ne me vient pas facilement. Je perds donc beaucoup de temps à chercher les mots et les phrases appropriés, et je me rends compte que lorsqu’on me demande de prendre la parole à l’improviste, je suis souvent obscur par maladresse verbale et non par manque de clarté dans la conception ». Voici une réflexion qui devrait amener l’intellectualiste à penser que l’esprit est trop confus et obscur pour être exprimé tout simplement, sauf qu’il s’agit ici de la déclaration d’un génie des mathématiques, Galon ! On touche par cet exemple le problème du passage dans le langage rigide et formalisé de la pensée intuitive. En effet, formés à être intellectuels, et à brasser des mots communs à tous, exprimer l’intelligence intuitive propre à chacun, demande de transcender les lois de la verbalisation conventionnelle. Tout comme le vécu, personnel avant tout, qu’il n’est pas évident de mettre en mots. Par exemple, chaque être est singulier, possède un vécu original et ressent des sentiments distincts. Il n’est pas rare de ne pas trouver les mots pour exprimer ses sentiments, car le passage de l’expression du sentiment même à travers le langage n’est possible qu’en le déformant, qu’en le réduisant ou de toute façon, en le rendant impersonnel. Ainsi, le langage conventionnel est fait de banalités certes utiles pour la communication, mais il n’est pas adapté à l’expression subtile du vécu de chacun : pour qu’il soit à la hauteur, il faudrait qu’il dispose d’autant de nuances qu’il peut y avoir de degrés de sentiments ! Le langage, tel qu’il est utilisé dans les rapports pratiques (fonction sociale) demeure par nature banal, pauvre, anonyme et impersonnel. C’est pourtant le principal outil à notre disposition pour traduire notre vécu personnel, ce qui est enfoui au plus profond de nous et qui mérite d’être exprimé pour poursuivre notre chemin d’évolution… nos sentiments certes, mais aussi tous les phénomènes inconscients, qui relèvent d’autre chose que de la pensée mentale, rationnelle, donc qui ne peuvent pas être exprimés justement par un langage intellectualisé.
 
Donc, s’il est légitime d’estimer avoir tout dit sur la vocation du langage en disant qu’il sert à penser, il est impératif de considérer, que sur le chemin de l’évolution humaine, l’étape suivante consiste à prendre conscience, qu’il doit y avoir une pensée au-delà du mental, et que le langage, dans sa vocation la plus noble, doit servir à révéler ce qui EST au-delà de l’intelligible… dans le sensible de chacun ! Et cela n’est possible qu’en faisant émerger d’autres potentialités créatrices du langage…
 
A suivre…
 
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31 octobre 2007 3 31 /10 /octobre /2007 07:38
Communiquer pour dominer …
 
« A force de répétitions et à l’aide d’une bonne connaissance du psychisme des personnes concernées, il devrait être tout à fait possible de prouver qu’un carré est en fait un cercle. Car après tout, que sont « cercle » et « carré » ? De simples mots. Et les mots peuvent être façonnés jusqu’à rendre méconnaissables les idées qu’ils véhiculent. »
Joseph Goebbels
 
Si le langage humain conserve les traces d’une valeur de signal dans bien des situations du quotidien, il se distingue néanmoins des autres espèces animales, par sa capacité à « penser » les signaux et à disposer d’un système de signes (gestuels et verbaux) porteur d’une pensée réfléchie et intellectuelle. Si ce substitut symbolique place souvent l’homme au dessus de l’intelligence animale, il peut aussi l’éloigner de sa destinée première (évoluer), quand il devient l’instrument de l’illusion, du mensonge et du pouvoir, comme ce qui est souvent le cas dans notre société actuelle et l’intellect du mental de l’homme, en s’imposant sur le reste pourrait bien conduire à sa perte.
 
            De nos jours, alors que le matérialisme, l’argent et la science triomphent, sans âme, en persistant à découper indéfiniment la matière et séparer de plus en plus l’homme de son cerveau droit, les mots ont quitté la voix humaine propre à chaque personne, le langage s’est désincarné, coupé de son origine émotive. Ainsi l’essor des technologies et du progrès, conduit à réprimer tout ce qui touche de près ou de loin au cerveau reptilien et en développant le langage de la raison, nous fait perdre celui de la résonance. Du coup, à l’image d’une société avide de pouvoir et de domination, le langage devient le plus puissant instrument de manipulation. Et dès que nous posons une fin à réaliser par le langage : vendre un produit, ramener à soi les suffrages de l’opinion publique, assurer devant autrui le bien fondé d’une croyance, il faut admettre que le langage est un moyen efficace de persuasion et non plus de convictions réelles. C’est par la rhétorique, l’art de bien parler en vue d’obtenir, les fins que l’on poursuit que la seule magie du discours ne crée qu’une persuasion. L’homme qui brille en société sait user de cette technique linguistique du « beau parleur », du sophiste qui cultive l’art de parler. L’étendue de ce « pouvoir social du langage » est très large, car partout où il existe une conscience collective, il existe implicitement. Dès qu’on parle de groupe, de peuple, de clan, de tribu, on suppose qu’il peut y avoir un leader charismatique capable de guider des hommes par une autorité persuasive. Il est évident qu’il existe aujourd’hui une rhétorique politique instrument de l’exercice du pouvoir, par lequel le politique apprendra à imposer ses vues, à les faire triompher lors des débats publics. Il existe aussi une rhétorique médiatique, qui se sert du choc des images pour dispenser l’auditeur de penser. Egalement une rhétorique commerciale qui s’adressera au consommateur de telle sorte de le persuader d’acheter ce qu’on lui propose. En bref, il y a un jeu rhétorique du mental partout où l’ego veut exercer sa puissance de manipulation sur l’autre. User de la parole pour séduire, pour convaincre, pour mettre en jeu une autorité s’exerçant sur des hommes en tant que puissance directrice pour commander, toute cette rhétorique du pouvoir éloigne le langage de sa vocation première, d’autant que participant à ce système, si certains êtres dominent, d’autres sont dominés…
 
            Parce qu’il est nécessaire, pour vivre en société, de se soumettre à certaines règles et de se fixer des limites, le langage en tant qu’outil d’intégration de l’individu au sein d’une hiérarchie sociale est respectable. Cette obéissance à des règles, et par voie de conséquence à une autorité, qui s’exerce dès la naissance par le biais de l’éducation et qui se poursuit tout au long de l’existence par la soumission aux institutions sociales doit avoir pour seul objectif de permettre aux individus de vivre ensemble et d’empêcher que leurs besoins et désirs, entrent en conflit et mettent à mal la structure de la société. Cependant, comme dans tout système où il y a des dérives, quand les limites sont dépassées d’un côté (celui du dominant), elles le sont aussi de l’autre (celui du dominé). Ainsi, il est aujourd’hui évident que dans une société où un pouvoir social s’exerce en permanence sur les personnes par le biais d’un langage persuasif, l’obéissance devient dangereuse car l’individu finit par s’y plier en exultant ce qui normalement le caractérise comme un être « intelligent conceptuellement » : sa CONSCIENCE et le replonge dans les bassesses de l’homme, considéré comme une « machine animale » dont le langage est réduit à composer des réponses organiques à partir de stimuli (ordres du dominant). En bref, le parfait cobaye du réflexe conditionnel Pavlovien, ou le mouton d’un troupeau dénué de toute « pensée » même immédiate que possède tout animal digne de ce nom ! Cela est d’autant plus pervers qu’au sein de notre société actuelle, ce n’est pas le discours rhétorique d’un leader qui est responsable de cette « déconscientisation » de l’individu mais c’est aux ordres de l’autorité d’un système entier qu’il accepte de se plier, en déléguant toute responsabilité. En effet, souvent l’obéissance se transforme en conformisme, issu non plus d’une autorité mais du comportement de groupe. L’individu est alors persuadé que le discours du groupe est celui qu’il a lui-même désiré et ce mimétisme est une façon pour lui de ne pas se démarquer du groupe. Ainsi, sous une autorité abusive masquée par le groupe, l’individu devient exclusivement « l’agent exécutif d’une volonté étrangère » (voir l’expérience de Milgram), et délègue entièrement sa responsabilité, ce qui revient à se comporter comme une machine (dénué même de VIE) ! Cette disparition du sens de la responsabilité individuelle est la conséquence la plus grave car cette soumission l’emporte souvent sur l’éthique, l’affectivité, les règles morales, les choix…Tout cela est inquiétant puisqu’on est amené à penser que lorsqu’il s’intègre dans une structure organisationnelle, l’individu, qui est aussi autonome par nature, cède la place à une créature incapable de dresser seule les barrières de sa morale personnelle car uniquement préoccupée par les sanctions de l’autorité, et que du coup, il fait ce qu’on lui demande de faire sans tenir compte de la nature de l’acte prescrit, dès lors que l’ordre paraît émaner d’une autorité légitime. Ce qui est valable dans le cas de la soumission à l’autorité chez les adultes, l’est évidemment aussi durant l’enfance, ce qui doit faire réfléchir sur les méthodes éducatives qui s’imposent aujourd’hui. Par de nombreux exemples forcés de constater que ce que l’enfant subit dans les premières années de sa vie se répercute sur sa manière d’aborder sa vie adulte et donc sur l’ensemble de la société, comment ne pas remettre en question la pédagogie traditionnelle basée sur le même discours persuasif, celle qui se vante de fabriquer des êtres dociles et obéissants pour étouffer la volonté, la conscience et donc la liberté créatrice de l’enfant (voir Alice Miller). Elle ne participe en rien au chemin que doit prendre l’homme pour évoluer…
 
            Donc partout où est en jeu une autorité s’exerçant sur des hommes, il y a usage de la parole, du langage comme puissance directrice : pour persuader, pour ordonner, dicter, commander. Là, c’est l’emploi de la rhétorique du pouvoir qui domine. Mais attention, cela ne veut pas dire qu’il faille se méfier de tout discours dès lors qu’il soit élégant. La vérité n’exclut pas la beauté de l’expression. Ce qui compte, ce sont les motivations de celui qui parle…
                                                                                                                         
A suivre…
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